Les 6e d'Anatole

Les 6e d'Anatole

Ulysse et le sphinx – nouvel épisode de L’Odyssée, par les 6e3

 

   Une tempête nous prit dans son tourbillon et nous nous échouâmes sur des rochers, tout près d'une plage qui paraissait aussi grande que le Sahara. Notre nef était détruite donc aucun retour ne nous était possible. Je vis des traces de pas qui se dirigeaient vers le nord donc je parlai ainsi à mes compagnons :

 

    « Je pense que nous devons avancer pour essayer de trouver des habitants vers le nord.

 

    - Non, répondit Euryloque, il faut plutôt aller chercher de la nourriture de l'autre côté.

 

    - Mais écoutez-moi, compagnons, je vous ai déjà sortis de beaucoup de situations périlleuses, alors suivez-moi si vous voulez retourner à Ithaque. »

 

    Finalement, ils m'écoutèrent et me suivirent.

 

    Après quelques jours de marche, nous trouvâmes une forêt. Au milieu des pins poussaient quelques poiriers et d’autres arbres dont nous dégustâmes les fruits. Nous décidâmes cependant de poursuivre notre route pour trouver des hommes qui pourraient nous aider à réparer notre nef.

 

    Nous arrivâmes enfin sur une plage attirante, au sable couvert de coquillages et de petits crabes. Devant nous s’ouvrait la mer bleu sombre, tachée d’écume. Sur la plage, il y avait de multiples chemins faits de galets blancs. Au bout d'un de ces chemins se trouvait un arc en ciel. Nous le trouvâmes si majestueux que nous le suivîmes et il nous conduisit jusqu'à une grotte où nous vîmes un enfant qui nous mena jusqu'à un village. A l'entrée était placée une statue. Un de mes compagnons s'avança et s'écria :

 

    « Ô amis, je reconnais cette statue : elle représente le Sphinx. C'est une créature redoutable. Rebroussons chemin et retournons à notre nef !

 

    - Nous avons vécu des aventures bien plus atroces, répondit Ulysse. Allons, avançons-nous fièrement parmi les gens de cette tribu qui nous accueillent chaleureusement. »

 

    Le chef de la tribu s'avança vers nous et commença à nous parler dans une langue étrangère :

 

    « Zpla plaza zapla opla za la.

 

    Un enfant de la tribu nous traduisit la langue :

 

    - Bonjour, ce soir, il y aura un repas pour vous. »

 

    Le soleil se coucha. Les gens de la tribu nous habillèrent de vêtements de soie et nous parèrent de bijoux. Nous fîmes la fête jusque tard dans la nuit. Cette île regorgeait de nourriture. Nous bûmes une eau qui avait un arrière-goût de citron. Le lendemain, mes compagnons et moi nous réveillâmes enfermés dans une gigantesque cage, au bord de la mer ; un enfant du village nous parla dans notre langue : « Nous sommes désolés mais nous devons vous livrer au Sphinx.

 

    - Libérez-nous de cette cage et nous le combattrons », rétorquai-je.

 

    La tribu hésita longuement puis le chef ordonna d'ouvrir la cage avec ces mots :

 

    « Starfala pliza walah fatata taka kata. » (traduction : « D'accord, mais si vous ne réussissez pas à battre le Sphinx, vous avez de grands risques de mourir et si vous ne mourez pas, de ne jamais repartir. »

 

    Le sable était noir et taché de sang. Je vis d'énormes traces de rapaces qui suivaient un chemin rempli d'ossements. Cela me terrifiait mais la curiosité l'emporta. Je m'approchai tout doucement et je découvris des peaux en putréfaction comme sur l'île des Sirènes ; au-dessus volaient des sortes de mouches énormes et poilues avec trois têtes et huit pattes. Elles avaient quatre yeux rouges, énormes et monstrueux.

 

    Soudain, on entendit un cri effrayant : au-dessus de nos têtes volait une créature hors du commun, immense et étrange. Elle se posa sur un rocher noir ensanglanté qui se trouvait à côté de nous. Je pus enfin voir ses yeux globuleux et rouges ; elle avait des griffes énormes et acérées, couvertes de sang. Elle avança lentement et je vis un corps de lion qui avait des ailes d'oiseaux dont un bout avait été arraché, et sur lesquelles se trouvaient de gigantesques plumes de couleur acier, coupantes comme des couteaux.

 

    C’était le Sphinx ! La tribu s'inclina et le pria :

 

   « Oplaz palo, oplaz palo. Apaka opaka. O phinxa palo ! » (traduction : « Dieux tout puissants, dieux tout puissants. Implorez notre pardon ! Ô Sphinx tout puissant ! »)

 

    Nous comprîmes ce qu'il se passait ; nous allions être sacrifiés !

 

    Le monstre se tenait face à moi, son regard était noir comme la mort, on aurait dit qu'il allait nous dévorer. Le Sphinx s'exclama :

 

    « Que faites-vous sur mon île ? »

 

    Je répondis fermement, en dissimulant ma peur :

 

    - Ô amie, mes compagnons et moi avons échoué sur ton île. Nous sommes épuisés, affamés et déshydratés !

 

    Le Sphinx rétorqua :

 

    - Si tu veux quitter mon île en vie, tu vas devoir répondre à cette énigme : qu'est-ce qui se couche le matin et qui se lève le soir ?

 

    Je réfléchis longuement et déclarai :

 

    - Je pense que c'est l'ombre.

 

    Le Sphinx devint rouge de colère mais se calma et ajouta :

 

    - Puisque tu as trouvé la réponse, je te dévorerai en dernier. »

 

    Puis le Sphinx se rua avec une rapidité incroyable sur mes compagnons, mais il n'eut le temps de n'en dévorer que trois car, désireux d’arrêter ce massacre qui me brisait le cœur, je repris la parole et rusai en ces termes :

 

    « Moi aussi, je vais te poser une question : qu'est-ce qui est carré, rond et ovale à la fois ? »

 

    Au bout de quelques minutes, le Sphinx éclata de colère car il était incapable de résoudre cette énigme et il commença à disparaître en poussière. Je m'exclamai :

 

    « Moi, le subtil Ulysse, j’ai vaincu le Sphinx avec une énigme sans réponse ! Mes chers compagnons, allons chercher de quoi nous nourrir et nous hydrater ! »

 

    Mes compagnons et moi rejoignîmes la tribu à la langue étrangère. Ces gens étaient tellement heureux que je les aie sauvés des griffes du Sphinx qu'ils promirent de nous aider. Le chef se mit ainsi à nous donner des explications dans sa langue, traduite par l'enfant : « Avant, nous étions des marins, mais quand nous avons accosté sur cette île pour trouver de la nourriture, nous sommes tombés sur le Sphinx qui nous a empêchés de repartir et forcés à lui livrer des victimes à dévorer. Pour vous remercier de nous en avoir délivré, nous vous offrons une de nos nefs. »

 

    C'est ainsi que mes compagnons et moi pûmes repartir sur la vaste mer.

 

 



26/02/2018
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